Il n’est nulle quiétude pour l’honnête homme à être sédentaire
Laisse donc ton pays et émigre.
Voyage tu pourras remplacer ceux que tu auras quittés
Et peine car la douceur de vivre est dans la peine.
Ne vois-tu pas que l’eau qui croupit s’avarie ;
Qu’à couler elle bonifie faute de quoi elle se dégrade
Imam Chafii, théologien arabe 767, Gaza, Palestine - 820, Égypte.
L’idée de voyage suppose d’avoir le choix de rester ou de partir. Or
la vie n’est pas ainsi faite : des milliards de personnes sont
cantonnées dans leurs maigres biens et n’arrivent pas à s’évader.
Les coussins emprisonnent des touffes de plumes qui ne
demandent qu’à être délogées pour cheminer ailleurs. A viser une
transcendance plus élévatrice de l’âme.
Suite à mes plusieurs hospitalisations dues à différentes difficultés
de santé, je me suis vue alitée pendant plusieurs jours, la tête
coincée dans des oreillers ou des coussins.
Et à force de côtoyer les coussins, je n’ai pas pu m’en libérer. J’ai
donc marqué cette page douloureuse de ma vie en travaillant
dessus. Telle l'artiste Rebecca Horn. J’ai accroché les coussins sur
des arbres dans un petit bois et à l’aide d’un cutter, j’ai fait une
entaille pour en libérer le contenu. Les plumes ainsi s’évadent des
coussins et s’envolent au gré du vent et entament la danse de la
liberté, heureuses de fuir le tissu des coussins qui les emprisonnait.
Le geste violent, tranchant du cutter contraste avec la douceur du
mouvement des plumes retrouvant leur liberté.
La sensation personnelle d’évasion est ainsi provoquée par la fuite
des plumes qui retrouvent leur élément naturel : Le vent. La
délivrance est ressentie au plus profond de moi.
Si j’ai accroché les coussins dans les arbres, c’était pour les mettre à
proximité des nids des oiseaux qui donnent les plumes. Ainsi cela
m’a permis de m’envoler telles les plumes, libre comme un oiseau.
Etapes du projet :
1. Idée germe pendant l’hospitalisation
2. Oreillers déchirées
3.
Sortie des coussins dans la forêt
4.Plumes libérées.