Je viens de réaliser, à total contre-pied esthétique de ma production habituelle sur le Mont
Saint-Michel basée sur la lumière, la couleur, une série nommée « Chronique du Mont Saint-Michel
au temps du confinement ».
Seul pendant des semaines dans un Mont déserté, j'ai noté en sépia, en noir et blanc ces
journées mortes que nous venons de vivre. Du pont passerelle, la porte de l'Avancée à la flèche de
l'abbaye je suis passé dans les moindres recoins et j'ai réalisé des images très personnelles
inenvisageables habituellement.
Au panoramique, au fisheye, dans des cadrages travaillés cherchant les jeux d'ombres et de
lumières, je montre le rocher vide de la présence des hommes.
Ganté, masqué, en condition pour produire des images à la charge différente j'ai vécu des
instants troublants en ce lieu que je connais tant, devenu totalement silencieux, désert. Parfois
presque lugubre, effrayant, de beauté, d'abandon de tristesse.
Pendant ces jours étranges, sur la presqu'île laissée aux oiseaux de mer, le grand mystère des
bâtisseurs n'en était que plus fort. Mes errances photographiques furent emplies de puissantes
sensations médiévales, mélange de perceptions architecturales et océaniques, granites et souffle du
vent, mugissement des flots et cri des goélands.