Scène d'un naufrage en mer - Tableau sur toile dans un cadre de type caisse américaine
Dans ce premier tableau, je souhaitais que la représentation du bateau exprime toute la volonté, la détermination et l’absolu nécessité de tout quitter, de tout abandonner au péril de sa vie. C’est pourquoi j’ai réalisé un origami en forme de bateau, connu de tous. Au-delà sa fragilité et de sa simplicité, c’est un aussi rappel à l’enfance avec tout ce que cela comporte d’insouciance et d’innocence. Le papier utilisé pour réaliser cette frêle embarcation est du papier journal sur lequel un article relate un naufrage de migrants en 2019.
Pour les personnages, j’ai choisi de les laisser en argile brut pour leur donner ce côté dénudé et dépouillé, sans aucune recherche esthétique, avec une bouche hurlante et disproportionnée qui renforce l’expression de terreur et de douleur. L’ensemble n’est qu’un cri , un appel au secours avec des bras tendus vers le ciel.
Chaque personnage est façonné pour créer un foisonnement anarchique et donner à l’ensemble un mouvement tumultueux pour exprimer cette rage de vivre, cet instinct de survie qui trouble le spectateur impuissant. A travers ce déchaînement de vie on voit la mort de chacun d’entre eux.
Après ce premier regard, sur cet immense grouillement de vies, si l'on s’attarde sur la scène, de nombreux détails apparaissent, des femmes enceintes, des bébés dans les bras de leur mère, des cadavres flottants, qui nous amènent au paroxysme de l’horreur.
En bas du tableau à gauche, le personnage rappelle une image tristement célèbre qui a fait la une de tous les médias...
Après la cuisson de tous les personnages, c’est l’étape de la composition du tableau durant laquelle il faut positionner chacun d’entre eux pour leur donner vie tout en créant une scène émouvante. Pour cela j’applique à la spatule des couches épaisses de modeling paste que je travaille de manière à imprimer le mouvement que je souhaite, celui de la mer tumultueuse et des remous créés par les naufragés.
Vient ensuite l’application de la couleur avec une peinture acrylique, qui apporte de la densité à la scène, notamment avec ce halo blanc autour de la scène du naufrage qui contraste avec le reste du bleu de la mer au large, ce qui intensifie les remous et augmente le mouvement de panique.
Ce tableau est pour moi l'expression même de l'horreur et de l'injustice. C'est un cri de liberté qui se paye au prix de la mort.