Il s'agit d'une peinture qui joue sur la transparence, le détail et la nuance. La prise en photo est très difficile. Ici, il y a une sous-couche bleue en acrylique recouverte de peinture blanche, pour donner une certaine profondeur. Elle reste légèrement présente par transparence. La peinture blanche recouvre plusieurs fois l'ensemble tout en laissant deviner ce qui est derrière elle. La dominante blanche " oblige" le regardeur à s'approcher du tableau pour y voir mieux : l'objectif est alors atteint. La couleur, rare et en petites touches, de façon subtile se trouve derrière l'écran blanc. Elle est révélée par grattage ou peinture mal recouverte. Le travail prend toute son importance vu de près, et comme j'aime le détail, le regardeur est invité à s'approcher pour mieux voir. La griffe est présente ; elle révèle la sous-couche, entame la matière, révèle l'arrière de la peinture ou est simplement tracée au crayon ou au pinceau. Griffer est pour moi un acte de recherche de ce qui est à l'arrière, de l'Essentiel à trouver, La transparence révèle elle aussi ce qui se trouve derrière l'écran : une façon de ne pas rester à la surface ou superficiel. Des épaisseurs différentes de peintures : saturée, écrasée, fine, transparente, essuyée, mate et brillante. Tout un langage pictural pour donner de la richesse au travail et au détail. Il s'agit du jeu de voir, apercevoir, deviner, approcher, scruter. A l'inverse d'un tableau qui transforme l'espace autour de lui par ses grandes formes ou sa couleur intense d'une façon imposante, ici il s'agit presque d'introspection. Le dessin/peinture se livre si on s'en approche, de façon intime, comme on lirait une page d'écriture d'un grand livre qui ne veut rien dire que lui-même et qui ne finit jamais de raconter tant il y a de choses à y voir.