Cette peinture était au départ une ébauche pour un projet mural qui ne s'est pas fait pour des questions de logistique.
Le projet devait au départ montrer une jeune femme flottant sur la façade aveugle d'un immeuble, et devait mesurer environ 12 mètres. L'idée était simple, donner à voir une lévitation pour provoquer un sentiment de liberté et de légèreté chez les passants.
En travaillant plus longuement sur cette peinture, le regard de la jeune fille s'est fait plus intense et des questions nouvelles s'ont apparues, en relation avec d'autres peintures regroupées sous le titre "Regards croisés", une série inspirée par George de le Tour.
On ne voit pas ses mains, ce qui libère la robe dans un mouvement ininterrompu et vertical et renforce le caractère ambigu de la scène.
Le sentiment de liberté est toujours là, mais il est soutenu par une sorte de colère contenue du personnage, une volonté de rupture avec des conventions et des traditions. La jeune fille en porte les attributs: coiffure traditionnelle, boucles d'oreilles créoles, tenue de soirée.
La robe surdimensionnée devient un espace de peinture à part entière, parcourue de taches vertes qui pourraient faire penser à un motif mais qui sont en fait une affirmation du geste pictural. C'est une image, mais c'est surtout une peinture.
Le fond très sombre contraste violemment avec cette grande forme qui apparaît tel un spectre dans la nuit, et le titre rappelle qu'il s'agit d'une lévitation provoquée par une rébellion intérieure et silencieuse, il fait aussi allusion aux combats menés contre l'oppression et l'asservissement.